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jeudi 13 juillet 2017

Entrée en application du RGPD en mai 2018 : comment organiser votre mise en conformité au règlement européen ?


Le règlement général sur la protection des données (RGPD) entrera en application dans tous les pays de l’Union européenne dans moins d’un an, le 25 mai 2018. (1) Il s’agit d’une profonde réforme du droit de la protection des données personnelles qui nécessite, pour les organismes - entreprises, associations et administrations -, de prendre des mesures de mise en conformité afin d’être prêt en mai 2018. De nombreuses différences existent entre la loi Informatique et Libertés et le règlement européen. Notamment, le règlement, qui prend en compte l’évolution des technologies et des modes de traitement des données, a pour ambition de renforcer les droits des personnes concernées sur leurs données, par des règles plus claires relatives au consentement à la collecte et au traitement des données personnelles, mais aussi concernant les politiques de protection des données des entreprises.

Les organismes sont désormais soumis à un nouveau principe de responsabilité (“accountability”) applicable à la protection des données dans l’entreprise. Ce principe de responsabilité se traduit par la mise en place de procédures nouvelles, telles que la prise en compte de la protection des données dès la conception d’un produit ou d’un service (“privacy by design”), la réalisation d’analyses d’impact relatives à la protection des données lorsque le traitement est susceptible d’engendrer des risques pour les droits des personnes concernées, la tenue d’un registre des traitements et des procédures mises en place, l’obligation de notifier les violations de données personnelles (à la suite d’une faille de sécurité ou d’une cyberattaque par exemple).

Pour rappel, le montant des sanctions pour violation des dispositions du RGPD sera beaucoup plus élevé qu’actuellement, puisqu’il pourra atteindre, suivant la nature de l’infraction, entre 10 millions d’euros ou 2% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise, et 20 millions d’euros ou 4% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise…

La CNIL en France, et les membres du G29 (CNIL européennes) travaillent activement pour aider les organismes à se préparer à la mise en conformité au RGPD. La CNIL a publié un plan pour aider les organismes à s’organiser pour se préparer à la mise en conformité au RGPD. Par ailleurs, les membres du G29 ont adopté des lignes directrices dont l’objet est de préciser certaines notions nouvelles du règlement.


1. Le plan de mise en conformité préconisé par la CNIL

La Commission nationale de l’informatique et des libertés a publié un plan pour aider les organismes à préparer la mise en conformité au RGPD. (2) Celui-ci se décline en six étapes, comme suit :

    - Etape 1 : désigner un “pilote” à la conformité - CIL ou futur DPO
Compte tenu de la complexité de la mise en oeuvre de la conformité au RGPD, une personne doit être désignée pour piloter cette phase. Cette personne, - correspondant informatique et libertés (CIL), futur délégué à la protection des données (DPD ou DPO) ou conseil externe -, exercera une mission d’information, de conseil et de contrôle en interne et permettra d'organiser et coordonner les actions de mise en conformité à mener.

    - Etape 2 : cartographier les traitements de données personnelles
Pour mesurer concrètement l’impact du règlement européen sur la protection des données traitées par l’entreprise, les traitements réalisés doivent être recensés dans un registre.

    - Etape 3 : prioriser les actions à mener
Sur la base des traitements recensés, les actions de conformité à mettre en oeuvre pourront être identifiées. Ces actions seront classées par ordre de priorité, au regard des risques des traitements réalisés, sur les droits et les libertés des personnes concernées.

    - Etape 4 : gérer les risques
Si des traitements de données personnelles susceptibles d'engendrer des risques élevés pour les droits et libertés des personnes concernées ont été identifiés, une analyse d'impact sur la protection des données (DPIA) devra être réalisée pour chacun de ces traitements. A cette fin, les organismes peuvent se référer aux lignes directrices sur les analyses d’impact relatives à la protection des données pour les guider dans la mise en oeuvre de ces nouvelles procédures (voir ci-après).

    - Etape 5 : organiser les processus internes
Pour assurer un haut niveau de protection des données personnelles en permanence, des procédures internes devront être prévues. Ces procédures devront garantir la prise en compte de la protection des données à tout moment, en considérant l’ensemble des événements qui peuvent survenir au cours de la vie d’un traitement (tels que faille de sécurité, gestion des demande de rectification ou d’accès, modification des données collectées, etc.).

    - Etape 6 : documenter la conformité
Pour démontrer la conformité de l’entreprise au règlement, il conviendra de constituer et regrouper la documentation nécessaire (procédures internes, analyses d’impact, documents d’audit interne, etc.). Ces documents devront être mis à jour régulièrement.


2. Les lignes directrices élaborées par les membres du G29 au 30 juin 2017

Les membres du G29 ont publié plusieurs documents de support à la mise en oeuvre du règlement dont l’objet est de clarifier les nouveaux principes à mettre en oeuvre. Ces lignes directrices (“guidelines”) doivent accompagner les organismes dans leurs travaux de mise en conformité au RGPD. Fin juin 2017, les lignes directrices suivantes étaient publiées :

    - Lignes directrices sur les analyses d’impact relatives à la protection des données
Ces lignes directrices détaillent les types de traitements concernés par une analyse d’impact, les méthodologies existantes pour réaliser une analyse d’impact, les règles selon lesquelles une analyse d’impact doit être publiée et/ou communiquée à l’autorité de contrôle, et les règles selon lesquelles l’autorité de contrôle doit être consultée en cas de traitement potentiellement à risques.

La notion d’analyse d’impact relative à la protection des données (Data Protection Impact Assessment (DPIA) est définie à l’article 35 du RGPD. L’analyse d’impact a pour objet de décrire le traitement envisagé, évaluer la nécessité et la proportionnalité du traitement, et doit permettre de gérer les risques sur les droits et libertés des individus, générés par ce traitement de données.

L’analyse d’impact est l’un des mécanismes prévus dans le cadre de la notion de responsabilité, permettant aux responsables de traitement de se mettre en conformité et de démontrer que des mesures appropriées ont été prévues pour assurer cette conformité au règlement. Le non-respect de l’obligation de réaliser une analyse d’impact est passible, pour l’organisme fautif, d’une amende administrative pouvant s’élever à 10 millions d’euros ou 2% de son chiffre d’affaires mondial de l’année précédente.

    - Lignes directrices relatives au délégué à la protection des données
Ces lignes directrices détaillent les conditions de désignation d’un délégué à la protection des données (DPD ou DPO - data protection officer), ainsi que le rôle et les missions du DPO. La notion et les fonctions du délégué à la protection des données sont prévues aux articles 37 à 39 du règlement européen.

Dans le cadre de l’obligation générale de conformité au RGPD, certains organismes - responsables de traitement et sous-traitants, devront nommer un délégué à la protection des données. Bien que ce concept ne soit pas nouveau (cf le correspondant informatique et libertés - CIL, en France), la désignation d’un DPO n’était pas obligatoire en vertu de la directive de 1995.

Le DPO permet aux organismes d’assurer leur conformité au règlement européen (fonctions d’audit par exemple, de relais entre les différents départements de l’entreprise, avec les autorités de contrôle, et avec les personnes concernées). En revanche, comme le CIL, le DPO ne peut être tenu responsable en cas de non-conformité de l’organisme à la règlementation. Le responsable de traitement, ou le sous-traitant, reste responsable de la conformité au règlement et à sa mise en oeuvre.

    - Lignes directrices sur le droit à la portabilité des données

Ces lignes directrices définissent la notion de droit à la portabilité des données, identifient les principaux éléments de ce nouveau droit, identifient les situations quand ce droit doit s’appliquer, définissent comment les règles relatives aux droits des personnes concernées s’appliquent au droit à la portabilité des données, et enfin, définissent comment les données doivent être communiquées.

Le droit à la portabilité des données est prévu à l’article 20 du règlement européen. Contrairement au droit d’accès, prévu dans la directive de 1995, ce nouveau droit permet aux personnes concernées de recevoir les données fournies au responsable de traitement, dans un format structuré et lisible par la machine et de transmettre ces données à un nouveau responsable de traitement. Le droit à la portabilité des données sera utilisé en cas de passage d’un fournisseur à un autre, mais pas uniquement.

    - Lignes directrices sur l’autorité du chef de file

Le règlement européen crée la notion d’autorité de contrôle chef de file, pour les traitements de données transfrontaliers.

Ces lignes directrices permettent d’identifier l’autorité chef de file compétente pour les traitements de données transfrontaliers, notamment lorsque le lieu de l’établissement principal du responsable de traitement est différent de son siège européen, lorsque plusieurs sociétés sont concernées au sein d’un groupe, ou lorsqu’il y a plusieurs responsables de traitement conjoints. La situation des sous-traitants est également abordée. 

D’autres lignes directrices sont en cours d’élaboration : lignes directrices sur la certification, lignes directrices concernant la notification de violations de données personnelles, lignes directrices sur le consentement des personnes, enfin lignes directrices sur le profilage.


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(1) Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données ou RGPD)

(2) Voir site de la CNIL

(3) Lignes directrices disponibles, en anglais, sur le site de la CNIL : Guidelines on Data Protection Impact Assessment (DPIA) and determining whether processing is “likely to result in a high risk” for the purposes of Regulation 2016/679 ; Guidelines on Data Protection Officers (“DPOs”) ; Guidelines on the right to data portability ; Guidelines for identifying a controller or processor’s lead supervisory authority


Bénédicte DELEPORTE
Avocat

Deleporte Wentz Avocat
www.dwavocat.com

Juillet 2017

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